Porteur du titre de peintre officiel de la Marine accordé par le ministre français de la Défense, membre titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer (Pornichet, France), le Belge Jean-Yves Delitte (°1963) est architecte-designer de formation.

Il a publié ses premières histoires en bandes dessinées dans le légendaire hebdomadaire Tintin. Par la suite, outre Les Aventures de Donnington et Les Coulisses du Pouvoir sur des scénarios de Philippe Richelle, il met en images Tanâtos avec Didier Convard, ou encore Les Brigades du Tigre avec Xavier Dorison et Fabien Nury, tout en réalisant deux tétralogies en tant qu’auteur complet : Le Neptune et Les Nouveaux Tsars.

Il excelle aussi dans les fresques maritimes en bandes dessinées, par exemple en imaginant les aventures d’un corsaire amérindien à la fin du XVIII^e siècle avec sa série Black Crow ou en relatant l’histoire du prestigieux trois-mâts barque le Belem, celle de la majestueuse frégate Hermione ainsi que la romanesque aventure de la Bounty, tout en dressant une vision angoissante de notre futur à travers la tétralogie U-Boot.

Depuis 2017, il dirige aux Éditions Glénat à Grenoble la collection « Les grandes batailles navales », dans laquelle il a fait paraître successivement Chesapeake, Trafalgar, Jutland, Tsushima, Lépante, Hampton Road, Stamford Bridge, Midway, Texel, Salamine et No Ryang.

Il vient d’y publier avec des dessins de Marco Bianchini Falkland – La guerre des Malouines, un album retraçant les contours de l’expédition mémorable menée en 1982 sous la houlette de la Première ministre britannique Margareth Thatcher (1925-2013), alias la Dame de Fer, qui mena à la reconquête d’un archipel isolé au bout du Monde, mais possession de la Couronne.

Rappel des faits :

En 1981, en Argentine, une nouvelle junte militaire dirigée par les officiers généraux Leopoldo Galtieri (1926-2003), Basilio Lami Dozo (1929-2017) et Jorge Isaac Anaya (1926-2008) succède à une junte précédente[1] sur fond de crise financière.

Une junte qui dès lors est confrontée au mécontentement et au risque d’une insurrection populaire.

C’est alors qu’un archipel situé à 200 milles nautiques des côtes lui revient en mémoire.

Les Falkland, un territoire anglais de quelques kilomètres carrés peuplé de 700 000 moutons et d’un millier d’âmes, va devenir une cause nationale.

Il est vrai que l’Argentine revendique sa souveraineté sur les Falkland depuis de nombreuses années et qu’épisodiquement, quelques menaces ont été prononcées.

Des gesticulations politiques pour se donner bonne conscience…

Mais, dans ces premiers mois de l’année 1982, la junte militaire opte pour le choix de reprendre par la force ce qu’elle considère comme sien.

À l’évidence, tout semble bon aux militaires argentins pour raviver la fierté nationale et faire oublier le marasme économique…

C’était pourtant fort imprudent de s’attaquer à la quatrième puissance militaire mondiale avec sa légendaire Royal Navy…

Le conflit commença le 2 avril 1982 avec le débarquement de l’armée argentine aux Falkland, et se termina six semaines plus tard, le 14 juin 1982, par un cessez-le-feu entérinant la victoire du Royaume-Uni et sa souveraineté sur ces territoires ainsi que dans la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud.

De son côté, la défaite de l’armée argentine, à l’issue d’une bataille qui avait fait 255 morts parmi les Britanniques contre 712 ou 649 Argentins selon les sources, précipita la chute de la dictature militaire.

Raconté du point de vue des Anglais et des Argentins, ce nouvel opus de Jean-Yves Delitte et Marco Bianchini met en lumière la dernière grande confrontation maritime du XX^e siècle.

PÉTRONE

Falkland – La guerre des Malouines par Jean-Yves Delitte et Marco Bianchini, Grenoble, Éditions Glénat, Paris, Musée national de la Marine, collection « Les grandes batailles navales », juillet 2022, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 15,50 € (prix France)

[1] Dirigée entre 1980 et 1981 par les officiers Roberto Eduardo Viola, Armando Lambruschini et Omar Domingo Rubens Graffigna.